L’industrie reste aujourd’hui le socle de l’économie française, représentant 213 000 entreprises, 2,8 millions d’emplois et 10% du PIB français.
Le concept d’industrie du futur (ou industrie 4.0) recouvre la promesse d’une quatrième révolution industrielle, fondée sur la convergence de la conception numérique des produits, de la robotisation de la production industrielle, de la mise en oeuvre de capteurs dans l’usine et l’exploitation automatisée des données, de la transition énergétique et des enjeux environnementaux, de nouveaux modes de commercialisation et nouveaux modèles économiques induits par le numérique.
Le programme Industrie du futur porté par l’État, seconde phase, engagée en 2015, du Plan « Usine du futur » de la Nouvelle France Industrielle, vise à transformer le modèle industriel français par le numérique, et à amener chaque entreprise à moderniser ses outils de production et à adapter son modèle économique. Ce programme s’appuie sur cinq piliers, en particulier celui de la formation aux nouveaux métiers et la montée en compétence des salariés de l’industrie.
Cet enjeu de la formation des salariés est confirmé par une étude transnationale menée en 2016 sur les défis de l’Industrie du futur auprès de plus de 600 dirigeants industriels : 78% des dirigeants interrogés mettant en avant le développement des compétences des collaborateurs comme le principal défi pour entamer la transition vers l’Industrie du futur. Cependant le secteur industriel peine à recruter, selon l’étude annuelle 2019 réalisée par Pôle Emploi en partenariat avec le Crédoc, la part des projets de recrutement prévus difficiles augmente fortement par rapport à 2018, pour atteindre plus de 50 %. Ces difficultés de recrutement ne semblent pas conjoncturelles mais s’inscrire dans la durée. Elles sont liées selon les entreprises interrogées à une pénurie de candidats dans 79 % des cas ou pour 76% par un profil inadéquat. Selon une étude 2019 de Bpifrance Le Lab menée auprès de plus de 2 000 dirigeants de PME et ETI industrielles, 70% de ces entreprises font de la modernisation de leurs outils de production un enjeu important, voire une priorité pour les prochaines années, cependant parmi les challenges à relever, identifiés par les entreprises interrogées, on retiendra celui de faire face à la pénurie de compétences par le recrutement, la formation continue, la responsabilisation, l’engagement des collaborateurs.
Sur la même ligne, une étude de 2019 auprès de 450 entreprises manufacturières de plus de 50 salariés montre notamment que le rythme d’investissement dans l’industrie du futur (ou industrie 4.0) est insuffisant à cause d’un déficit de formation et d’un manque d’accès aux compétences. Il faut sensibiliser les industriels, en particulier les PME et ETI, aux enjeux de la transformation des industries, et simultanément intéresser les jeunes aux carrières industrielles. Il est intéressant ici de regarder la cartographie de l’évolution des métiers et compétences menée par LinkedIn en analysant les profils de 5 de ses 18 millions de membres français, qui porte sur les métiers émergents autour de cinq secteurs industriels : l’industrie manufacturière, les biens de consommation, les logiciels et services informatiques, les matériels et réseaux, l’énergie et les mines. L’étude montre que ces secteurs sont en pleine mutation, le numérique est de plus en plus présent avec des compétences spécifiques attendues pour ces métiers émergents, bien plus regardées aujourd’hui que les diplômes lors d’une embauche.
L’Institut Mines Télécom a réalisé en début d’année 2020 un Baromètre des métiers de l’industrie8 auprès de 80 entreprises qui souligne également la pénurie de compétences en lien avec le numérique dans les secteurs industriels : IA, Big Data, Internet des objets, double numérique, cybersécurité, systèmes embarqués… Ces compétences techniques, associées aux soft skills (esprit critique, autonomie, polyvalence, esprit d’équipe…) sont aujourd’hui centrales dans les métiers de l’industrie en tension.
Dans ce contexte, le projet PARCOURS porté par l’Institut Mines-Télécom et ses partenaires économiques vise à accompagner les entreprises industrielles dans leurs stratégies de modernisation et de formation et propose un dispositif novateur de formation professionnelle aux compétences clés de l’industrie du futur, s’adressant aux cadres, ingénieurs, techniciens ; un dispositif de formation agile et personnalisé, privilégiant l’expérientiel, dans l’objectif d’améliorer leur employabilité et renforcer la compétitivité des entreprises industrielles.
L’Alliance Industrie du Futur (AIF), créée en 2015, s’est donné pour objectif d’accompagner les entreprises françaises, et notamment les PMI et ETI, dans la modernisation de leurs outils industriels et la transformation de leurs modèles économiques par les technologies innovantes. L’AIF, soutenue par la DGE, regroupe 32 membres, dont une vingtaine d’organisations professionnelles représentatives des filières industrielles françaises. L’Institut Mines-Télécom (IMT) est partie prenante de cette initiative, impliqué en particulier dans le programme structurant de l’AIF « Homme et Industrie du futur ». Au cœur de la stratégie visant au renforcement de la compétitivité des industries françaises, l’objectif est de positionner les salariés avec leurs savoir-faire, leurs compétences et leurs qualités personnelles comme élément majeur de la réussite de la modernisation et de la transformation des entreprises.
Le projet PARCOURS porté par l’IMT et ses partenaires académiques et économiques vise à accompagner les entreprises industrielles dans leurs stratégies de modernisation et de formation. Il propose un dispositif innovant de formation professionnelle aux compétences clés (technologiques et managériales) de l’industrie du futur, un dispositif de formation agile et personnalisé, privilégiant l’expérientiel, dans l’objectif d’améliorer l’employabilité des salariés, demandeurs d’emploi, salariés en reconversion et de renforcer ainsi la compétitivité des entreprises industrielles
Le dispositif PARCOURS est construit sur la conjonction de 3 axes
- l’analyse des besoins des entreprises industrielles, dans une double approche d’évolution de la demande de compétences et d’accompagnement des PME et ETI dans leur stratégie de transformation, et de co-construction de leur plan de développement des compétences ;
- l’organisation de parcours de formation diversifiés, adaptés aux besoins individuels des salariés, évolutifs avec les compétences requises par les entreprises ;
- la création d’une plateforme de ressources interopérable.
Le projet est structuré en cinq actions
- Construire et animer un pôle d’innovation et de transfert « formations clés de l’industrie du futur » ;
- Structurer et développer un dispositif d’accompagnement des PME/PMI et ETI en transformation ;
- Structurer et animer un dispositif de construction et de suivi des parcours individualisés de formation ;
- Organiser et développer une base en réseau de ressources pédagogiques innovantes, multisites et multimodales ;
- Développer un plateforme d’apprentissage « Learning as a service ».
Des actions innovantes
PARCOURS offre un dispositif d’accompagnement à destination des PME et ETI industrielles dans leur transformation (décideurs, équipes de direction, ingénieurs et techniciens). Ce processus couvre toutes les étapes : information et formation massive, travail d’innovation, d’exploration et de maturation d’idées, projets de transformation, co-construction de plans de développement, et de plans de formations.
Il mobilise les élèves des écoles dans une approche transgénérationnelle particulièrement importante dans les périodes de transitions rapides, les élèves étant des vecteurs de transfert des technologies de pointe et de la culture numérique.
Il propose pour développer l’efficacité des formations, des modalités pédagogiques diversifiées :
- Numériques (MOOC et SPOC, jeux sérieux, réalité virtuelle ou augmentée…) avec le développement d’outils de virtualisation des environnements de formation, afin de pouvoir proposer des modules de formation directement sur le poste de travail ;
- Expérientielles, en ouvrant les campus pour des modules de mises en situation pratique, l’apprentissage par la participation à des projets collaboratifs, l’itinérance pédagogique dans les différents campus mobilisés et l’accès à des outils technologiques fournis par les partenaires ou à des équipements spécifiques (fablabs, innovation lab…), la réalisation d’un projet, aboutissement du parcours pédagogique ;
- Hybridation des profils : par la constitution de cohortes de formation favorisant l’intergénérationnel, notamment avec des étudiants en formation initiale, mais aussi intra-entreprise et intersectoriels, dans la construction de parcours de formation individualisés.
Il propose une « agence des parcours », qui organisera des programmes de formation professionnelle individualisés, distanciels et hybrides, auto-adaptatifs au fil du parcours (learning analytics), interfacés avec les Learning Management System (LMS) des entreprises, délivrant des certifications des compétences acquises enregistrées par blockchain. Cette agence associe des parcours de compétences de référence mis au point avec les partenaires, les filières, les branches, personnalisés dans les modalités d’apprentissage.
Il propose des formations centrées sur des compétences émergentes et des nouveaux métiers communs à plusieurs filières industrielles, qui aujourd’hui ne sont pas ou mal couverts par les organismes de formation professionnelle. Elles s’appuieront sur la spécificité et l’excellence des écoles de l’IMT et leur positionnement à l’intersection des transitions numérique, industrielle et écologique : cybersécurité, Internet Industriel des Objets, double numérique, IA des données industrielles, écologie industrielle, résilience des systèmes et gestion de crise…
Il développe une offre de formation autour du management et des soft skills répondant à l’évolution des écosystèmes des entreprises, des méthodes et outils, et des attentes des entreprises.
Programme d’Investissements d’Avenir
PIA Ingénierie de Formations Professionnelles et d’offres d’Accompagnement Innovantes (IFPAI)
Cette appel à projets a été lancé dans le cadre de l’action « Adaptation et qualification de la main d’oeuvre » du Programme d’investissements d’avenir (PIA) piloté par le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) et dont la gestion a été confiée à la Caisse des dépôts et consignations – Banque des territoires. Le Programme d’investissements d’avenir prépare la France de demain avec pour ambition de favoriser l’excellence, l’innovation et la coopération. La numérisation des métiers, le transfert de la recherche vers la formation et le développement, la structuration de filières et la diffusion de savoir-faire nouveaux issus de produits ou procédés innovants, l’évolution des modes d’organisation et l’internationalisation font partie des principaux défis auxquels le PIA peut accompagner la réponse des entreprises, de leurs salariés et dirigeants.